Qui lit encore les rapports RSE ?
Cette question rhétorique n’attend en réalité aucune réponse, tant le constat est frappant et partagé par les gens de la profession : plus grand monde.
Et pourtant, le rapport RSE (devenu Déclaration de Performance Extra-Financière (DPEF) en 2017) continue de faire norme lorsqu’il s’agit pour une entreprise de rendre compte de sa performance sociétale.
Au risque d’écrire un billet à charge, nous nous devons de nous interroger : les méthodes utilisées par les entreprises pour rendre compte de leur performance extra-financière sont-elles adaptées aux besoins et aux attentes de l’ensemble de leurs parties prenantes ?
Il existe aujourd’hui pléthore de référentiels extra-financiers : normes ISO, grilles de notation extra-financière, DPEF, reportings RSE. Le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire en recensait récemment plus de 400.
Pourtant, si ces référentiels semblent adaptés aux besoins des investisseurs, à ceux des donneurs d’ordre et éventuellement de certains assureurs, le doute est permis en ce qui concerne le grand public et les personnes « non-expertes ». Souvent longs (un rapport RSE fait souvent plus de 50 pages), peu harmonisés et difficilement accessibles, ces rapports ne sont que rarement lus par les candidats, les consommateurs ou encore les collaborateurs, de l’aveu même de certains responsables RSE.
Nous connaissons donc une situation paradoxale, dans laquelle les parties prenantes (clients, employés, investisseurs, financeurs) cherchent à être rassurer sur l’intégrité et l’engagement des entreprises, mais n’ont pas accès à des outils simples et lisibles leur permettant d’appréhender le degré de performance sociétale de ces dernières.
Dans un article en date du 30 mars 2019, le C3D (Collège des Directeurs du Développement Durable) dressait un semblable constat et concluait : » il est de rigueur pour les entreprises de trouver une nouvelle façon de communiquer sur leur valeurs RSE : témoigner plus de transparence, passer par de nouveaux canaux et co-construire avec des tiers ».
Patrick d’Humières, spécialiste du management de la RSE et du développement durable, observait en 2017 une accélération autour de 3 tendances, parmi lesquelles « l’accès de la notation [RSE] à des cibles grand public, type clients ou associations diverses et medias, qui se fera autour d’un référentiel et d’un outil qui s’imposera par sa praticité, sa crédibilité, dans le marché mondial, pas d’en haut. »
Espérons que cette tendance se confirme.