Le développement du numérique a bouleversé nos usages et la façon dont nous consommons au quotidien. Les canaux de vente virtuels se sont multipliés et la démocratisation des nouveaux écrans a permis à la vente en ligne de gagner du terrain.  En 2018, 37,5 millions de français ont acheté en ligne.

Ce nouveau mode de consommation doit sa popularité à plusieurs facteurs : comparateur de prix, avis des consommateurs, possibilité de retourner le produit sans déplacement, confort et sécurité. Autant d’avantages qui séduisent les consommateurs et laissent entrevoir un bel avenir pour le e-commerce. 

Cependant, ces flux croissants de colis ne sont pas sans conséquences pour l’environnement et pour la santé publique.

Le “dernier kilomètre” constitue un défi majeur pour les logisticiens car il représente un coût important pour les entreprises et a un impact environnemental non-négligeable, les émissions de CO2 et le prix unitaire du produit augmentant à mesure que le colis se rapproche du client. Les entreprises vont donc rechercher des solutions afin de réduire les externalités négatives de leur supply chain, et en particulier du dernier kilomètre. 

Nous allons donc, au sein de ce dossier thématique, tenter de dresser un panorama de la notion de “dernier kilomètre” et formuler plusieurs bonnes pratiques. 

Définitions : 

  • Le dernier kilomètre : expression utilisée pour décrire le dernier chaînon de la chaîne de livraison qui s’arrête chez le client final. Le dernier kilomètre représente un coût non-négligeable pour les entreprises car le coût unitaire du produit augmente plus il se rapproche de sa destination finale.
  • La logistique consiste à piloter des flux physiques de produits à destination du client final en respectant un cahier des charges précis : dans les meilleurs délais, avec la meilleure qualité de service possible, tout en optimisant les stocks et les flux.
  • Le Lead time correspond au nombre de jours écoulés de la réception de la commande jusqu’à sa livraison au client final.  
  • Le e-commerce : vente en ligne de biens ou de services au travers de sites web marchands. 
  • La supply chain correspond à l’ensemble du réseau qui permet la livraison de produits ou de services depuis les matières premières jusqu’au client finaux, c’est donc l’ensemble des maillons de la logistique d’approvisionnement. 

Historique : 

  • 1988 : mise en place de la norme euro par l’union européenne pour les véhicules lourds dans le but de limiter les émissions de CO2 liés au transports routiers. 
  • 2008 : développement du label « objectif CO2 » par l’ADEME pour les entreprises de transport routier de marchandises afin de les soutenir dans leur démarche pour diminuer leurs émissions de CO2 via l’obtention d’un label. Celui-ci permet de reconnaître que l’entreprise est engagée dans une volonté de performance énergétique mais aussi de l’aiguiller dans la mise en place d’un plan d’actions pour réduire ces émissions de CO2.

  • Décembre 2019 : loi d’orientation des mobilités qui va introduire de nouvelles dispositions légales telles que le remplacement des zones à circulation restreinte par des Zones à faible émissions.

  • 2019 : mise en place du programme EVE (Engagement Volontaires pour l’environnement) donc le but est d’accompagner les entreprises dans la diminution des impacts énergétique et environnementaux de leurs activités de transport et de logistique.
     
  • 27 mars 2019 : le parlement européen vote une baisse des émissions de CO2 de 30% pour 2030 pour les camions neufs commercialisés sur le sol européen par rapport à 2019.
  • Juillet 2019 : entrée en application de la « Zone à faible émission de particules » dite ZFE, dans plus de la moitié des communes du Grand Paris. La circulation des véhicules disposant d’une vignettes Crit’Air 5 ou non classés est interdite du lundi au vendredi de 8h à 20h.
  • 2020 : « objectif CO2 » s’étend désormais aussi aux entreprises de transport routier de voyageurs. 

Chiffres clés : 

  • La livraison du dernier kilomètre est la plus coûteuse : 20% du coût total de la chaîne.

  • D’après le comité d’analyse stratégique, à l’échelle national, le dernier kilomètre représente 20% du trafic, occupe 30% de la voirie et se trouve être à l’origine de 25% des émissions de gaz à effet de serre

  • 70% des livraisons durent moins de 10 minutes

  • 35% du CO2 émis en ville émane du transport de marchandises

  • 50% du gazole consommé en ville l’est pour le transport de marchandises

  • À paris, on estime qu’un véhicule sur cinq transporte des colis

  • 87,5 % des internautes français achètent en ligne soit presque 9 internautes sur 10 et 95% des 18-24 ans

  • 53% : c’est la part du coût du dernier kilomètre dans les coûts totaux de livraison

  • Selon l’Ifop, 50 % des internautes utilisent les points relais comme mode de livraison principal.

  • Une voiture en autopartage remplace neuf véhicules et libère huit places de stationnement.

  • Aujourd’hui près de 30% des véhicules de transport ne sont pas complets.
  • 1400 entreprises du secteur du transport routier ont déjà adhéré à la charte « Objectif CO2 » depuis décembre 2008 et 1.6 million de tonnes de GES évitées à la fin de l’année 2016 grâce à ce programme 

Pourquoi c’est important ? 

Comme nous avons pu le dire précédemment, le dernier kilomètre représente un coût non-négligeable pour l’entreprise. En effet, les premiers kilomètre son traités en flux tendus entre les stocks et les centres de livraisons, ce qui n’est pas le cas du dernier kilomètre pour se rendre jusqu’au client final : les coûts unitaires de transport seront donc plus élevés. Outre, cette dimension financière celui-ci a aussi un impact néfaste sur l’environnement avec des émissions accrues de gaz à effet de serre. Ces conséquences sont encore plus importantes avec la généralisation des livraisons en 24h ou bien la livraison le jour même car ces livraisons « rapides » vont obliger les entreprises à ne pas forcément optimiser le nombre de colis par transport et donc augmenter fortement leurs émissions de CO2.

Aux vues de l’augmentation des ventes en ligne, les entreprises du secteur du e-commerce font aujourd’hui face à un réel défi et ont tout intérêt à repenser leur modèle de livraison actuel pour le rendre plus durable et économique. 

Réussir à réduire ses coûts de livraison et améliorer son empreinte carbone représente un réel avantage concurrentiel pour une entreprise. En effet, les consommateurs actuels recherchent la rapidité et l’efficacité mais font aussi de plus en plus attention à l’environnement et à la façon dont les entreprises prennent en compte cette dimension. C’est donc également un facteur de satisfaction du client. S’ancrer dans une démarche RSE, et notamment via l’optimisation du dernier kilomètre c’est faire preuve d’un engagement durable et ainsi améliorer la performance globale de son entreprise. 

Comment relever ce défi ?

Différentes pratiques peuvent être envisagées par les entreprises afin de relever le défi du dernier kilomètre. En voici quelques-unes :

  • Les point relais, option majoritairement choisies par les entreprises, constituent une bonne alternative à la livraison à domicile car ils permettent un rassemblement des colis dans un même lieu et limitent donc le nombre d’arrêts des livreurs. La livraison en point relais est donc moins coûteuse et a un impact moins négatif sur l’environnement.

  • La mutualisation des frets, second levier d’amélioration, correspond à la livraison des biens de plusieurs entreprises dans un seul et même camion.

  • Le remplacement des véhicules diesel, très polluants, par des véhicules électriques ou même des vélos. The Green Link, start-up parisienne est spécialisé dans le transport logistique propre en ville et propose des livraisons express via des vélos à assistance électrique pour protéger l’environnement. En effet, les vélos sont parfois plus rapides sur des courtes distances et tout comme les utilitaires électriques ils n’émettent aucun CO2. Les utilitaires électriques consomment moins en villes, ne font aucun bruit et les parkings pour ce type de véhicules sont gratuits dans la plupart des grandes villes.

  • Le calcul de la taxe carbone. L’entreprise Zalando qui propose à leur client de payer une taxe carbone pour compenser le coût de livraison et cette somme est ensuite réinvestis dans la recherche pour réduire les émissions de CO2.

  • Utilisation de consignes en accès libre dans des magasins partenaires, des gares ou même des supermarchés (ex: Amazon Lockers). Cette alternative permet aux livreurs de livrer une multitude de colis à une même adresse et donc de réduire leurs trajets.

  • Tenir compte du dernier kilomètre afin de choisir un emplacement optimal pour son entrepôt.

  • Planifier ses opérations de façon efficace et tenter de réduire au maximum les lead times.

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